Gabriel Attal – Wikimedia Commons
Tribune de Christophe Boutin publiée le 15 janvier 2024 dans FigaroVox.
On a dit déjà bien des choses sur la nomination de Gabriel Attal au poste de premier ministre et son ascension fulgurante au sein de l’État. Certains se sont par exemple félicités de l’allant de sa jeunesse, quand d’autres, comme François Bayrou, ont fait mine de s’en inquiéter, et beaucoup semblent n’avoir retenu de la passation de pouvoir que cette phrase d’un jeune homme pressé : «Le plus jeune président de la République de l’histoire nomme le plus jeune premier ministre de l’histoire». Il ne faudrait pas pourtant que cet instant égotique fasse passer à côté de l’essentiel : en dix minutes, Gabriel Attal a ensuite posé les principes d’une action politique qui pourrait bien changer les rapports de force.
e nouveau premier ministre s’est en effet attaché à répondre aux attentes de la plus vaste des catégories sociales, celle dans laquelle la plupart de nos concitoyens s’auto-positionnent spontanément, les classes moyennes. Actant la quasi-disparition des classes populaires – de plus largement préemptées, pour les autochtones par le RN, pour les nouveaux venus par LFI, Gabriel Attal semble avoir compris qu’elles représentaient le vivier électoral dont il aurait besoin aujourd’hui et peut être demain. Car on peut faire de la politique pour les financiers et les start-uppers, mais on ne fait pas de la politique avec les financiers et les start-uppers : le relèvement du pays après la Seconde Guerre mondiale a été fait par et avec les classes moyennes. Ce sont elles qui ont été, et pourraient être encore, pour reprendre les mots du premier ministre, ce «cœur battant de notre pays, artisans de la grandeur et de la force de notre nation française», ne serait-ce que parce que ce sont elles qui, aujourd’hui, «se lèvent tous les matins pour aller travailler », que c’est cette population « qui travaille et qui finance, par son travail, nos services publics et notre modèle social». Or, comme le note Gabriel Attal, «ces Français […], parfois, ne s’y retrouvent plus». Si l’on en croit les sondages, ils craignent en effet, d’une part, que la politique menée ne les conduise dans un monde dont ils ne veulent pas sans qu’ils puissent l’empêcher, et, d’autre part, ressentent au quotidien, pour eux, leurs enfants ou leur pays, un insupportable sentiment de déclassement. Pour ceux-là, pour satisfaire ces Français qui «doutent de notre pays, doutent d’eux-mêmes, doutent de notre avenir», le nouveau premier ministre se donne un double objectif : «garder le contrôle de notre destin et libérer notre potentiel français». Garder le contrôle de notre destin ? Maîtrise de notre modèle social, autorité et respect de l’autre, sécurité, renforcement des services publics – et notamment de l’École et de la Santé -, comme « de notre souveraineté nationale et celle de l’Europe en maîtrisant mieux notre immigration». Libérer le potentiel français ? «Travailler doit toujours être mieux valorisé que ne pas travailler», comme s’impose aussi «la simplification drastique de la vie de nos entreprises et de nos entrepreneurs». Ajoutons que les mesures prises par l’ancien ministre de l’Éducation nationale vont dans le sens d’une restauration de la méritocratie républicaine à laquelle les classes moyennes sont, et pour cause, passionnément attachées. Le tout aurait vocation à être mis en œuvre avec cette méthode que revendique le premier ministre : «poser des diagnostics clairs sans jamais mentir aux Français et mettre en place des actions fortes, concrètes, sans tabou, dire la vérité, agir sans attendre». Lire la suite dans FigaroVox