Atlantico_ MIGUEL MEDINA / AFPCapture d’écran 2023-12-28
Tribune de Christophe Boutin et Guillaume Bernard publiée le 27 décembre 2023 dans Atlantico. Patrick Buisson était un remarquable historien des mentalités. C’était un analyste des sondages assez remarquable. Il ne flottait pas au gré des évolutions de l’opinion du moment, mais savait, et l’expliquer, et lui trouver une réponse politique cohérente. Patrick Buisson était politiquement nationaliste et socialement conservateur. Même s’il a pu se montrer critique envers certaines parties de « la droite », il était effectivement favorable à une politique d’union réunissant les trois droites classiques françaises telles que les définissait René Rémond, la légitimiste, l’orléaniste et la bonapartiste – on dirait sans doute plus de nos jours la conservatrice, la libérale et la populiste. Il n’a jamais pensé que le conservatisme, qui avait certainement ses faveurs idéologiquement, devait être la seule solution dans cette union, mais bien que les trois droites devaient se fédérer, notamment autour de l’idée nationale, impliquant celle de la souveraineté. Buisson ne tirait tellement pas « à boulets rouges » sur le Front national qu’il prônait son alliance avec le RPR dans le milieu des années quatre-vingt, et a été approché pour être candidat sur cette étiquette. Ce n’est qu’ensuite qu’il s’est posé la question des chances réelles de cette formation d’arriver au pouvoir et, notamment, de faire l’union des droites derrière elle. Il a préféré un autre choix : faire l’union derrière un candidat issu de la droite classique – le RPR puis l’alliance RPR/UDF – qui reprendrait un certain nombre de thématiques – luttes contre l’immigration ou l’insécurité – au RN, et, surtout, répondrait au sentiment d’insécurité identitaire ou culturelle des Français. Ce choix a conduit à la victoire en 2007 d’un Sarkozy, qui, siphonnant les voix des électeurs partis au RN, réussissait partiellement au moins l’union… des électeurs de droite. Patrick Buisson a par la suite été critique de certains choix faits par le RN sous la présidence de Marine Le Pen, notamment sous l’influence de Florian Philippot, estimant qu’il y avait trop de concessions, non sociales – car Buisson, comme tout nationaliste, savait qu’une politique doit être aussi sociale –, mais sociétales. Il avait aussi exprimé ses doutes sur les chances de la présidente du RN d’arriver au pouvoir, en partie à cause de son patronyme, qui écartait d’elle certains électeurs âgés. Des doutes plus tactiques qu’autre chose… Lire la suite de l’article sur Atlantico.