À la suite du décès de la reine Élisabeth II, Le Figaro (16 septembre 2022) publie une tribune de Frédéric Rouvillois, délégué général de la Fondation du Pont-Neuf, qui propose une réflexion sur les institutions de la monarchie britannique et de notre république.
Extraits :
Dans l’un de ses derniers ouvrages, le merveilleux Roger Scruton reconnaissait, avec une pointe d’humour très british, que «cela fait partie de l’esprit conservateur des Anglais de ne pas regarder de trop près les choses héritées, de se tenir à l’écart […] dans l’espoir qu’elles puissent continuer sans nous. Leurs institutions, croient les Anglais, s’observent sous un meilleur jour à une certaine distance et à travers une brume automnale». Il en va ainsi de la monarchie britannique, ce régime étrange où le monarque, chef de l’État et chef de la nation, est nominalement tout-puissant mais ne décide de rien – puisque conventionnellement, c’est au Premier ministre de mettre en œuvre des pouvoirs qualifiés de royal prerogative -, mais où cette impuissance est aussi une forme supérieure de pouvoir, tandis que la présence du monarque continue d’être ressentie comme répondant à une réelle nécessité.
En ces jours où le monde entier célèbre et pleure celle que le président Macron a appelée «La reine», et où le système monarchique s’offre à nouveau comme un sujet de réflexion, on pourrait commencer par convenir que le modèle anglais est condamné à demeurer une chose étrange, un peu incompréhensible, comme le reconnaissait déjà Tocqueville, et à peu près intransposable. Mais il faudrait ajouter que, depuis Voltaire et Montesquieu, ce modèle nous conduit, nous autres Français, à nous interroger sur ce que nous sommes, sur ce que nous voulons et sur ce que nous pourrions faire. Bref, comme au temps des Lumières, la bizarrerie même du système anglais nous oblige à ouvrir les yeux. Et en l’occurrence, à nous demander si la monarchie qui a pu produire une reine comme Elizabeth, ne mériterait pas que l’on s’y intéresse de plus près.
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