A l’occasion du décès de la reine Elizabeth II, Atlantico publie une interview de Christophe Boutin, membre de la Fondation du Pont-Neuf.
Atlantico : La reine Elizabeth II est décédée à l’âge de 96 ans après un règne d’une longévité record, 70 ans. A quel point a-t-elle su s’adapter à tous les changements, matériels, politiques ou dans les mœurs sans rien renoncer ou opérer de rupture et ainsi préserver les institutions ?
Christophe Boutin : En 2019, un sondage indiquait que seuls 20 % des Britanniques se déclaraient contre l’institution monarchique : 54 % lui étaient au contraire favorables, et 26 % hésitaient. Nul doute qu’une large part de cette préservation d’un idéal monarchique dans l’esprit de nos voisins britanniques ait été due à la personnalité d’Élisabeth II, cette reine qui aura incarné pendant 70 années une fonction en se plaçant totalement à son service, et sans doute en y sacrifiant une part d’elle-même, mais sans jamais rien en laisser transparaître, appliquant ce conseil donné dit-on par la reine Victoria à son fils, le futur Edouard VII : « Never explain ; never complain ».
La monarchie britannique et sa représentante auront ainsi connu, comme vous le notez, ces bouleversements majeurs qui frappent l’Europe depuis un demi-siècle, bouleversements économiques, politiques, sociaux. Autant d’éléments que la souveraine, qui se tenait fort au courant de ce qui pouvait se passer au-delà des murs de ses résidences, qui rencontrait régulièrement ses 17 chefs de gouvernements successifs, et tant d’autres personnalités, mais qui savait aussi s’intéresser au sort de ses sujets, pouvait d’autant moins ignorer que certains de ces bouleversements eurent des répercussions au sein même de la famille royale.
Mais en fait, à bien y regarder, on pourrait dire que ce n’est pas la souveraine qui s’est adaptée aux changements, mais que ce sont les changements qui se sont adaptés à elle. En effet, ni les changements politiques, économiques ou de population, ni l’évolution des mœurs, n’ont modifié en quoi que ce soit, sinon de manière très marginale, la manière dont la souveraine incarnait sa fonction.
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