L’Incorrect publie une recension de l’ouvrage La proportionnelle, sous la plume de Jérôme Besnard, membre du Pont-Neuf.
Devant la nécessité de retrouver un pouvoir légitime en France, nécessaire pour en finir avec une abstention électorale qui progresse à vue d’œil, les constitutionnalistes Christophe Boutin et Frédéric Rouvillois publient une synthèse de leurs réflexions sur le système proportionnel. Ils démontrent d’abord que le scrutin majoritaire n’a cessé de faire l’objet de critiques diverses quant à la représentativité du corps électoral, avant de conclure aux vertus du scrutin proportionnel : « Permettant une représentation politique plus juste, car plus exacte, plus conforme à la réalité, la représentation proportionnelle va par là-même contribuer à apaiser la Cité ».
Réfutant les arguments clouant la proportionnelle au pilori (multipartisme, éloignement des électeurs, ingouvernabilité…), ils voient dans les caractères propres de la Ve République gaullienne, faisant d’elle une « monarchie républicaine », une garantie de stabilité. Il n’existe pas selon eux de risque de blocage des institutions, avis que partageait aussi Georges Pompidou en 1963. Restent à définir les modalités d’un scrutin proportionnel : la logique gaullienne, qui réserve une légitimité supérieure au chef de l’État, écarte a priori la proportionnelle intégrale au niveau national. Les deux auteurs plaident donc pour une élection des députés à la proportionnelle à l’échelle régionale sans pour autant disqualifier totalement la circonscription départementale qui fut utilisée sous la IVe et en 1986.
L’éclatement de la vie politique française en trois ou quatre blocs affaiblit les critiques portées au scrutin proportionnel. Si l’urgence est de redonner une vigueur démocratique à la Ve République, nul doute qu’il faille rouvrir d’urgence le débat sur le mode de scrutin qui serait une évolution constitutionnelle à même de « redonner la parole au peuple ».
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