Interview de Christophe Boutin par Atlantico.
Atlantico : Avec cette nouvelle assemblée, la compréhension de la logique des institutions françaises est au cœur du jeu politique. Par exemple, la Nupes hurle au scandale relativement au fait qu’Élisabeth Borne n’ait pas demandé un vote de confiance et elle feint de ne pas comprendre que le régime français n’est pas parlementaire. À l’inverse, la majorité relative feint d’ignorer le fait qu’elle n’est pas en situation de légiférer sans aller chercher une vraie logique de co-construction des lois. Mais est-il possible de légiférer sans majorité pour Renaissance ? Peuvent-ils gouverner sans voter de nouvelles lois ?
Christophe Boutin : Il faut, je crois, en revenir ici aux fondamentaux. La Ve République, telle qu’elle a été mise en place par Michel Debré et le général De Gaulle, est bien un régime parlementaire, c’est-à-dire un régime d’équilibre et même de collaboration entre les pouvoirs exécutif et législatif. Le régime s’est présidentialisé, avec l’effacement du chef du gouvernement – qui, dans le texte de la constitution, aux articles 20 et 21, est censé « diriger et conduire » la politique de la nation – au profit du président de la République. Depuis son élection au suffrage universel direct en 1962, celui-ci a acquis une légitimité particulière, et le renversement de calendrier qui a suivi la mise en place du quinquennat, et qui fait précéder les élections législatives par l’élection présidentielle, a abouti, du moins le plus souvent, à renforcer cette « monarchie républicaine » qui est la nôtre.
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