Interview de Christophe Boutin par Atlantico. L’auteur évoque l’immigration au Royaume-Uni qui a augmenté depuis le Brexit, la baisse de migrants en provenance de l’UE étant largement compensée par l’augmentation de migrants hors UE.
Atlantico : Depuis le Brexit, l’immigration au Royaume-Uni a augmenté. Et pourtant, elle n’est plus du tout considérée par les citoyens britanniques comme un enjeu majeur, selon les données d’IPSOS Issues Index et du Bureau des statistiques nationales du Royaume‑Uni. Comment l’expliquer ?
Christophe Boutin : Plusieurs éléments peuvent expliquer cela, ou contribuer à le faire. Il est par exemple révélateur que le même journaliste auteur de cette étude, John Burn-Murdoch, note par ailleurs la très nette différence de perception qui existe chez les Britanniques entre ceux qui ont souhaité le maintien dans l’Union européennes, les Remainers, et ce qui ont voulu la quitter, les Leavers. En effet, pour 33 % des Remainers favorables à l’immigration, cette dernière aurait baissé par rapport à 2016, ce qui est faux car elle continue de croître, et même le quart des autres Remainers pense aussi qu’elle n’a pas augmenté. Au contraire, du côté des Leavers, 47 % – et même 67 % de ceux qui sont opposés à l’immigration – pensent, cette fois très justement, que celle-ci a augmenté depuis 2016.
Second élément d’explication, le visage de cette immigration a changé. En 2016, au moment du Brexit, une large partie de l’immigration attaquée était une immigration de travail venant des pays de l’Union européenne – l’équivalent, mais en plus City, de notre « plombier polonais ». En 2022, l’image de l’immigration est beaucoup plus, pour une large part des Britanniques, celle de réfugiés tentant de traverser la Manche sur un canot pneumatique – et nous sommes très loin, avec ces quelques traversées, de l’impact de l’immigration de travail d’autres citoyens de l’UE.
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