Interview de Christophe Boutin par Atlantico.
Atlantico : Pour sa première interview depuis la présidentielle, accordée à plusieurs titres de la presse quotidienne régionale dont Le Parisien, Emmanuel Macron a dévoilé sa nouvelle méthode et notamment la volonté de créer un Conseil national de la refondation comportant «toutes les forces vives et des citoyens tirés au sort» car «les Français sont fatigués des réformes venues d’en haut. Ils ont plus de bon sens que les circulaires». Que penser de cette nouvelle méthode ?
Christophe Boutin : D’abord que ce n’est pas un hasard si, pour son premier entretien après sa victoire à l’élection présidentielle, mais, surtout, à une semaine du premier tour des élections législatives, Emmanuel Macron choisit de s’exprimer dans la presse quotidienne régionale, la plus lue en France, alors que son parti, LREM devenu Renaissance, a toujours, après cinq années de pouvoir, un côté « hors-sol ». Il sait que cette presse peut contribuer à changer cette image, qui est aussi la sienne, et, effectivement, tente ici d’établir un contre-feu face aux critiques qui lui sont souvent faites. On sait que ses détracteurs lui reprochent en effet régulièrement d’être un autocrate autiste, quand ses thuriféraires évoquent, eux, un génie aux fulgurantes intuitions solitaires, mais l’image est finalement toujours la même, celle d’un pouvoir « d’en haut », celui du Jupiter élyséen.
C’est donc dans la France réelle, profonde, périphérique, qu’Emmanuel Macron s’apprêterait selon lui à aller chercher son inspiration, au plus près des Français, dans « 1200 bassins de vie » et grâce à un « Conseil national de la refondation » composé « avec les forces politiques, économiques, sociales, associatives, des élus des territoires et de citoyens tirés au sort ». Nous retrouvons ici, sans grande surprise, une méthode déjà utilisée par le Président, celle de la Conférence citoyenne sur le climat. Présentée trop souvent comme l’aboutissement d’une moderne « démocratie participative », il s’agit en fait d’une technique destinée à habiller d’un vernis pseudo-démocratique des choix technocratiques.
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