Tribune publiée par Christophe Boutin, membre de la Fondation du Pont-Neuf, sur le site du FigaroVox.
Un politique peut aujourd’hui se réclamer du trotskisme le plus échevelé et obtenir sans coup férir le nombre de parrainages nécessaires pour être candidat à l’élection présidentielle, quand bien même son courant ne représente-t-il jamais, élection après élection, que moins de 1 % des suffrages exprimés. Nul journaliste, quand Fabien Roussel tonne contre l’invasion russe en Ukraine, ne lui rappelle ce 11 janvier 1980 où, en direct de Moscou, le premier secrétaire du PCF, Georges Marchais, justifiait l’invasion de l’Afghanistan par des troupes soviétiques uniquement soucieuses de libérer les populations locales de féodaux moyenâgeux pratiquant le «droit de cuissage».
Certains le regrettent. On nous permettra pourtant de penser que l’on doit au contraire s’en féliciter, en considérant que le pluralisme, nécessaire dans une démocratie, traduit finalement plus sa vitalité qu’il n’augmente ses faiblesses, et que les erreurs des uns n’ont pas à entacher les choix des autres. Dans le même temps pourtant, lorsque des politiques se voient attribuer malgré eux un label «d’extrême droite» qu’aujourd’hui quasiment tous les spécialistes universitaires du sujet remettent en question, considérant qu’il ne concerne guère qu’une infime minorité et nullement une force politique de l’ampleur de celle qui a amené Marine Le Pen pour la seconde fois au second tour de l’élection présidentielle, et Éric Zemmour, qui faisait là sa première apparition, à un score de 7 % au premier tour, tout change.
Plus question en effet de pluralisme: «Pas de liberté pour les ennemis de la liberté» tonnent nos modernes Saint-Just, se félicitant alors sans pudeur des parrainages refusés, des meetings interdits, de l’ostracisme professionnel frappant militants ou candidats, quand ce n’est pas de leur agression. Lire la suite sur le site de FigaroVox.