Christophe Boutin, responsable des questions politiques au sein de la Fondation du Pont-Neuf, analyse dans Atlantico la manière dont le ministre de l’intérieur définit la droite.
Atlantico : Après la mobilisation des policiers du mercredi 19 mai et suite aux critiques sur sa présence lors de la manifestation, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a accordé une interview au Parisien. Que révèle sa définition de la droite telle que présentée dans Le Parisien ? Où marque-t-il des points ?
Christophe Boutin : Gérald Darmanin donne en fait dans son entretien au Parisien deux définitions de « la droite ». La première est, pourrait-on dire, une définition « en creux », et oppose deux droites. La sienne, car il se dit toujours de droite (« ce n’est pas ma droite » conclut-il ainsi une de ses remarques), serait composée de tous ceux qui, tout en n’étant pas de gauche, et ralliés ou non à Emmanuel Macron, s’opposeraient au Rassemblement national – un parti que, par coquetterie, le ministre continue d’appeler FN. À côté, ou face à elle, une seconde droite, composée d’une partie au moins des Républicains, flatterait dit-il « sans aucune pudeur le FN ». C’est la droite des « Éric Ciotti ou Nadine Morano », mais qui rejoindrait ce qu’il appelle « une certaine droite, réactionnaire, conservatrice », ou encore la « ligne Bellamy », faisant allusion à la campagne des élections européennes. La ligne de clivage entre ces deux droites serait donc des plus claires, c’est celle du fameux « front » ou « barrage républicain », ce « cordon sanitaire » mis en œuvre à partir de 1986 par une droite chiraquienne tétanisée par le politiquement correct de la gauche et des médias. On sait que l’on passa alors peu à peu de l’interdiction des alliances politiques à celle de reprendre des thématiques qui pouvaient être – ou avoir été un jour- celles de « l’extrême droite » (la question de l’immigration étant ici le tabou majeur, mais la question de l’Union européenne fut aussi un marqueur fort), et jusqu’à l’interdiction de l’usage de certains mots. C’était l’époque où même la tactique du « ni, ni » (ni FN, ni gauche) était conspuée, la droite ayant vocation à se désister ou à voter pour la gauche si besoin était.
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