Christophe Boutin analyse pour Atlantico les ambitions du parti politique Horizons.
Atlantico : Horizons, le parti d’Edouard Philippe, organisait son congrès ce samedi. Quels sont les principaux enseignements de ce congrès et du discours d’Edouard Philippe ?
Christophe Boutin :
« Ce ne fut pas Waterloo, non, mais ce ne fut pas Arcole », chantait Brel. Édouard Philippe arpentant hier en micro serre-tête une grande scène ovale au parc Floral, ce ne fut pas Valérie Pécresse, non, mais ce ne fut pas non plus Jean-Luc Mélenchon ou Jean-Marie Le Pen, tribuns nés… ni même Emmanuel Macron, acteur consommé. La grande silhouette tournait sur elle-même, usait d’un vocabulaire simple pour créer du lien, donnait des chiffres et rappelait ses voyages, s’inquiétait des insectes et des écoliers, jouait à avoir l’air naturel en moquant les conseils de ses équipes de communication. Mais était-ce suffisant ?
Au dehors du parc floral, les tas de poubelles finissaient de se consumer, les forces de sécurité et les émeutiers – ceux qui ne s’affrontaient pas autour des « bassines » – prenaient un peu de repos avant leur prochain rendez-vous. À l’intérieur, l’orateur lançait à quelques élus locaux « J’ai besoin de vous ». Pourquoi ? Pour construire un parti qui n’agresse pas ses adversaires et qui, programme ô combien surprenant, entend appliquer les nouvelles règles punitives dictées par le réchauffement climatique et unir par l’école des populations qui ne vivent plus « ensemble » depuis plus de vingt ans.
Qu’est-il arrivé à Édouard Philippe ? On a eu l’impression que le Premier ministre plein d’allant, le boxeur volontiers moqueur, cet homme jeune qui avait une incontestable présence, est devenu un vieux monsieur digne et plein de bons sentiments. Ce n’est pas un capitaine de pédalo, non, mais c’est un voileux du dimanche arpentant en pantalon rouge les quais de sa villégiature et hésitant à sortir en mer par force 3. Alors par fort coup de vent… L’ancien Premier ministre voulait user de la tactique de la « parole rare » : ne pas parler de tout à tout bout de champ mais de manière efficiente. Mais la parole doit alors tomber comme la foudre, stupéfier les ennemis et galvaniser les partisans. On attendait le rugissement d’un lion, on a eu le feulement d’un chat noir et blanc.
Mais n’avait-il pas voulu trop en faire ? Édouard Philippe, en invitant François Bayrou pour le Modem et Stéphane Séjourné pour Renaissance, en faisant intervenir Élisabeth Borne, entendait montrer que, lui, jouait le jeu de la majorité. Devant les faiblesses de cette dernière, il entendait bien être le moteur qui allait, comme il le dira, « améliorer le lien » entre ses diverses composantes – ce qui passe par un travail en commun en amont sur les dossiers, et non sur la seule demande d’alignement des parlementaires faite par les conseillers de Matignon ou de l’Élysée sur des dossiers déjà bouclés.
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