Atlantico interviewe Christophe Boutin, membre de la Fondation du Pont-Neuf, au sujet du bilan d’Emmanuel Macron en matière de respect de la démocratie.
Atlantico : Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale vient de proposer pour nomination au conseil constitutionnel la supérieure hiérarchique du procureur de Brest lorsque celui-ci a validé le classement sans suite de l’enquête préliminaire concernant l’affaire des Mutuelles de Bretagne, selon les informations du Monde. Il a d’ailleurs défendu ce choix. Dans le même temps, Christian Jacob, le président des Républicains, a suggéré, à propos d’Éric Woerth, que dans son ralliement à Emmanuel Macron, « ses affaires judiciaires ont sans doute pesé ». La France est-elle de plus en plus une république qui fonctionne, aussi, sur de petits arrangements ?
Christophe Boutin : Sur le premier point, Madame Malbec, si elle était effectivement procureur général près la cour d’appel de Rennes lorsque le dossier de Richard Ferrand, actuel président de l’Assemblée nationale et son autorité de nomination, a été classé sans suite dans l’affaire dite des Mutuelles de Bretagne, n’était cependant pas en charge du dossier, mais uniquement le supérieur hiérarchique du magistrat responsable. Le lien direct n’existe donc pas, et rien n’indique en l’état qu’elle aurait donné des instructions en ce sens. Par ailleurs, il faut peut-être aussi prendre compte dans cette nomination de l’intéressée en dehors de l’ordre judiciaire son passage au cabinet d’Éric Dupont Moretti, peu apprécié par la magistrature.
Au sujet d’Éric Woerth, toutes les hypothèses sont effectivement possibles, sans qu’aucune ne puisse pourtant être privilégiée comme le fait Christian Jacob. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy a pu tout simplement choisir de rejoindre un Emmanuel Macron dont il est sans doute assez proche politiquement et intellectuellement, relevant d’un même progressisme libéral. Deuxième hypothèse, le même Éric Woerth a pu estimer qu’il aurait plus de chances de retrouver une fonction politique de premier rang en se ralliant dès maintenant à un homme qu’il estime peut-être être le mieux placé pour gagner l’élection présidentielle. Et la troisième hypothèse, celle selon laquelle les divers dossiers dans lesquels l’ancien ministre a pu se trouver, sinon empêtré, au moins lié – l’arbitrage rendu dans l’affaire Tapie est par exemple en cours d’instruction devant la Cour de justice de la République -, auraient servi à une sorte de chantage n’a aucun commencement de preuve.
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