Tribune de Christophe Boutin publiée le 20 février 2024 dans FigaroVox.
Ainsi donc, pour Emmanuel Macron, «l’arc républicain» – dont les membres, une fois adoubés par le verbe jupitérien, seraient les seuls appelés à débattre légitimement des lois – n’engloberait ni tous les partis, ni toutes les personnes qui siègent au Parlement.
On aura relevé, comme souvent, sinon comme toujours, les contradictions des propos du chef de l’État. D’un côté en effet, pour la panthéonisation de Manouchian, il dit son «devoir d’inviter tous les représentants élus par le peuple français», car il ne saurait «faire le tri entre eux […] par un geste arbitraire». Mais de l’autre – éternel «en même temps» – il affirme n’avoir «jamais considéré que le RN ou Reconquête! s’inscrivaient dans “l’arc républicain”», avec comme conséquence «que les textes importants ne devaient pas passer grâce à leurs voix». On a donc des représentants élus par le peuple qui sont dignes d’assister à une cérémonie… mais pas de participer au vote d’une loi. «Ce distinguo – conclut Emmanuel Macron – suffit à dire où j’habite». On ne saurait mieux démontrer qu’il ne le sait pas.
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Cette fuite en avant dans l’exclusion est d’autant plus facile que les critères qui permettent cette dernière sont imprécis, et dans Être ou ne pas être républicain Frédéric Rouvillois démontrait leur inconsistance. Le suffrage universel ? La République a été censitaire. L’universalisme ? Les récents débats sur l’immigration ont rappelé que la République avait su exclure. La laïcité ? Le culte de l’Être suprême chez Robespierre est bien loin de la laïcité de combat de la IIIe République.
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