Palais de l’Elysée | Flickr – Créateur : manhhai
Christophe Boutin et Christophe Bouillaud et interrogé le 12 janvier 2024 par Atlantico.
Extraits :
Atlantico : L’arrivée de Gabriel Attal et la nomination d’un nouveau gouvernement ouvre une nouvelle ère de la Macronie puisque s’y joue la succession d’Emmanuel Macron. Dans la catégorie des « crocodiles » de la macronie, qui tire le mieux son épingle du jeu du rapport de force politique actuel ?
Christophe Boutin : Ceux qui restent au gouvernement à des postes importants sont déjà ceux qui ont gagné, et c’est le cas pour Gérald Darmanin comme pour Bruno Le Maire, mais aussi pour Sébastien Lecornu, pressenti pour être Premier ministre. Édouard Philippe semble lui perdant, puisque madame Firmin-Le-Bodo, membre d’Horizons, quitte le gouvernement. François Bayrou peut se satisfaire, mais c’est une piètre victoire, du maintien au gouvernement de Marc Fesneau, mais l’on sent bien que la nomination de Gabriel Attal ne lui a pas vraiment plu. Quant à Alexis Kohler, il est bien difficile de savoir ce que le secrétaire général de l’Élysée a réussi à imposer ou pas, mais, on s’est fait écho ici et là de tensions nouvelles avec le président de la République.
Est-ce ensuite plus Emmanuel Macron ou Gabriel Attal qui est vainqueur, la question peut être posée. On peut penser que le maintien de poids-lourds qui sont de potentiels concurrents médiatiques pour le Premier ministre n’a pas été le choix de ce dernier ou, inversement, qu’il a préféré avoir des fusibles nettement identifiés, qui, comme tels, seront déclarés responsables si besoin.
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Chacun joue sa partition, Bruno Le Maire celle du grand argentier, qui sauve les finances de la France… mais la dette se creuse et l’inflation ne disparaît pas. Gérald Darmanin joue le garant de la sécurité… mais les chiffres sont mauvais, et même de plus en plus mauvais malgré les biais statistiques, et rien ne dit que le déroulement des Jeux olympiques se fera dans la plus grande sérénité. Édouard Philippe joue la carte de la distanciation avec la macronie, puisqu’il n’est plus directement au pouvoir, tout en se maintenant dans la majorité présidentielle
Par ailleurs, se pose la question des nécessaires « écuries politiques ». Édouard Philippe à la sienne, avec son parti Horizons, et François Bayrou bénéficie aussi du MoDem, peut-être moins dynamique. Mais Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin n’ont rien, et seul Gabriel Attal peut aujourd’hui espérer prendre le contrôle de Renaissance au lieu d’avoir à créer sa propre écurie. On rappellera qu’Emmanuel Macron est un contre-exemple, puisqu’il a monté sa propre écurie présidentielle en une petite année, mais il bénéficiait de très importants soutiens extérieurs important. Quant aux cadavres, la guerre n’est pas encore déclarée.
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