Article publié par Benoît Dumoulin dans L’Incorrect.
Les partis politiques concourent-ils au bien commun de la société ? La question peut paraître saugrenue tant nos esprits sont habitués à la compétition entre partis politiques considérée comme la modalité habituelle d’expression du suffrage universel et la condition indispensable d’existence d’une authentique démocratie. Sans parti politique libre de concourir aux élections, pas de démocratie possible, dit-on !
Pourtant, Jean-Jacques Rousseau pensait le contraire, estimant que les partis politiques empêchent les citoyens de se mouvoir librement vers la volonté générale censée exprimer la vérité en politique. Pris dans l’engrenage d’un parti, le citoyen serait prisonnier de sa logique, de sa doctrine et de sa stratégie, perdant ainsi la liberté de décider souverainement en vue du bien public.
Une intuition que reprendra au XXe siècle la philosophe Simone Weil dans sa Note sur la suppression générale des partis politiques (1940). Avec la radicalité qu’on lui connaît, elle estime qu’un parti politique est d’abord « une machine à fabriquer de la passion collective » qui éloigne le citoyen de l’exigence de vérité et de justice qui devrait l’animer. De fait, le passage de l’individuel au collectif pose question : telle personne exprimant un raisonnement subtil et nuancé dans le cadre de la vie privé devient aisément un militant caricatural reprenant des éléments de langage préformatés quand il se retrouve dans une structure de masse comme l’est un parti politique, qui simplifie à l’excès la pensée pour lui donner une force de frappe électorale susceptible de remporter les suffrages.
Lire la suite sur le site de L’Incorrect.
S’abonner à L’Incorrect.