Dans le Figaro Vox, Frédéric Rouvillois décrypte la signification de la cérémonie de couronnement du roi d’Angleterre. La lenteur et la longue histoire des rituels rappellent que la monarchie britannique considère les problèmes à travers le prisme de la continuité, de la généalogie et des responsabilités qu’elles engendrent, plutôt que dans une optique individualiste contemporaine.
«Et m… pour le roi d’Angleterre, qui nous a déclaré la guerre!»
Depuis la fin du XVIIIe siècle, d’innombrables générations de Français se sont égosillés sur ce refrain, buvant un coup «à la santé des amoureux» avant de dire son fait au roi d’Angleterre. Qu’ils se rassurent: le couronnement de Charles III ne les empêchera pas de chanter «Au trente-et-un du mois d’août» à la fin des banquets: mais peut-être leur permettra-t-il de corriger les paroles et de songer, juste avant de vider leur second verre, qu’il faudrait aussi le remercier. Le remercier de nous rappeler l’importance cruciale et, osons le dire, l’urgence absolue du temps long à une époque où tout s’emballe.
L’institution qu’incarne désormais le roi Charles III a en effet pour principal intérêt, et pour caractéristique majeure, de s’inscrire dans la durée: située dans le présent et envisageant l’avenir, elle n’hésite pas à regarder vers le passé, puisque le monarque, qui en principe est appelé à être le père de ses successeurs, est par ailleurs l’héritier de ceux qui l’ont précédé. Dans ce régime, le pouvoir, même symbolique, passe sans discontinuité de génération en génération au sein d’une même famille, qui est à la fois l’incarnation du royaume, et la représentation des familles qui le composent. Selon Malraux, expliquait-on jadis en classe de philosophie, «l’art est un anti-destin»: il en va de même de la monarchie héréditaire.
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