La déclaration de candidature de Bruno Retailleau pour la présidence de LR relance le débat autour du conservatisme supposé désuet et incapable d’une quelconque traduction politique. Christophe Boutin répond aux questions d’Atlantico à ce sujet.
Atlantico : Bruno Retailleau a annoncé sa candidature à la présidence de LR, suscitant un certain nombre de commentaires relevant le handicap politique que représenterait son conservatisme. Mais sait-on en France, dans la population, ce qu’est réellement le conservatisme ? Ce dernier semble souvent caricaturé en un puritanisme ou un immobilisme. Qu’est-ce que les Français ne comprennent pas à propos de ce qu’est le conservatisme en réalité ?
Christophe Boutin : Le conservatisme, ce « mot qui commence bien mal », pour reprendre la grande formule de Thierry Maulnier, est mal connu ou mal compris en France. Il semble à certains une importation du monde anglo-saxon, à d’autres le paravent d’une dictature de classe, il symboliserait encore l’immobilisme et flirterait avec la réaction. Les conservateurs ont par ailleurs souvent refusé de s’appeler comme tels pour ne pas subir les foudres des révolutionnaires ou progressistes, bref de cette intelligentsia de gauche qui nous sert aujourd’hui encore d’arbitre des élégances politiques et morales.
En France, Chateaubriand publie à partir de 1818 Le conservateur, et un demi-siècle plus tard, aux débuts de la IIIe République, ce terme de « conservateur » est revendiqué aussi bien par des hommes politiques de droite, qui souhaitent une restauration monarchique, que par des républicains modérés. Le terme est ici antithétique de celui de « révolutionnaire », porteur de potentiels bouleversements violents dont les Français sont las. Mais avant la fin du XIXe siècle pourtant, « conservateur » est clairement catalogué à droite, et présenté comme le seul paravent d’une bourgeoisie libérale ancrée sur ses privilèges. La domination intellectuelle, sinon politique, de la gauche tout au long du XXe siècle va alors conduire à ce que le terme tombe politiquement en désuétude, nul ou presque ne s’en réclamant explicitement.
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