La Fondation du Pont-Neuf a comparé les programmes d’Éric Zemmour et Valérie Pécresse s’agissant de la fiscalité des particuliers. Elle y a trouvé des propositions extrêmement riches qui s’articulent autour de trois piliers : patriotisme économique, soutien à l’entrepreneuriat et mesures en faveur du pouvoir d’achat des Français. « Un programme économique entre Nicolas Sarkozy et Donald Trump », comme le résumait récemment BFM Business. En regard, les mesures prônées par Valérie Pécresse paraissent plus classiques et moins ambitieuses.
Le choc fiscal d’Éric Zemmour en matière de patrimoine immobilier familial
Pécresse comme Zemmour veulent refaire de la France une nation de propriétaires et s’en prennent à la manière dont Emmanuel Macron a transformé l’ISF en IFI, ne taxant plus que la seule fortune immobilière au bénéfice des actifs mobiliers, ce qui pénalise la classe moyenne haute, en général propriétaire de sa résidence principale ainsi que de son éventuelle résidence secondaire pour un total dépassant souvent le seuil d’imposition à l’IFI (1,3 M€), tout en exemptant de toute contribution ceux qui ont placé leur fortune en actifs mobiliers et qui sont souvent les plus riches. Cependant, l’un comme l’autre ne proposent pas de rétablir l’ISF mais plutôt d’alléger l’IFI. Ainsi, Valérie Pécresse souhaite renforcer l’abattement sur la valeur de la résidence principale – fixé aujourd’hui à 30 % – pour le hausser à 50 %, afin de compenser pour certains propriétaires la hausse des prix de l’immobilier. De son côté, Éric Zemmour va plus loin en proposant de retirer purement et simplement la résidence principale de l’assiette de l’IFI.
Éric Zemmour va plus loin en proposant de retirer purement et simplement la résidence principale de l’assiette de l’IFI.
Dans la même veine, Éric Zemmour souhaite raccourcir le délai d’exonération de la plus-value immobilière sur les ventes de résidences secondaires, en le passant de 30 à 15 ans. On sait que cette taxation, composée, d’une part, d’un impôt forfaitaire au taux de 19 %, et d’autre part de charges sociales au taux de 17,2 % de la plus-value taxable, permet, par le jeu des abattements, d’être exonéré au bout de 22 ans sur le plan fiscal et au bout de 30 ans, sur le plan des prélèvements sociaux. Un raccourcissement du délai d’exonération favoriserait le pouvoir d’achat des familles et augmenterait le nombre de ventes.
Éric Zemmour reprend l’idée audacieuse lancée en 2007 par Nicolas Sarkozy : la déduction des intérêts d’emprunt sur la résidence principale.
Enfin, Éric Zemmour reprend l’idée audacieuse lancée en 2007 par Nicolas Sarkozy : la déduction des intérêts d’emprunt sur la résidence principale. Ce dispositif, au cœur de la loi TEPA votée en 2007, permettait de déduire 40% des intérêts d’un emprunt la première année et 20% les quatre années suivantes. Malheureusement, le gouvernement y avait mis fin en 2010, en pleine crise des dettes souveraines. Le dispositif imaginé par Éric Zemmour serait réservé aux primo-accédants au cours des cinq premières années de remboursement de l’emprunt.
En matière de droits de successions, c’est Éric Zemmour qui va le plus loin
Le candidat de Reconquête a imaginé un dispositif radical : l’exonération de 95% des Français des droits de succession et donations et la transmission en franchise totale d’un capital de 200 K€ par parent pour chaque enfant ou petit-enfant. L’âge moyen auquel on hérite avoisine aujourd’hui les 50 ans ; une telle mesure est de nature à favoriser la transmission plus précoce du patrimoine familial afin qu’un jeune de 20 ans qui se lance dans la vie puisse hériter à ce moment-là de ses parents ou grands-parents. De même, en matière de fiscalité immobilière, Éric Zemmour propose de supprimer les droits de mutation à titre onéreux liés à l’acquisition d’une résidence principale pour les primo-accédants jusqu’à une valeur de 250 K€.
Le candidat de Reconquête a imaginé un dispositif radical : l’exonération de 95% des Français des droits de succession et donations et la transmission en franchise totale d’un capital de 200 K€ par parent pour chaque enfant ou petit-enfant.
De son côté, Valérie Pécresse reprend l’idée d’un abattement de 200 K€ mais uniquement pour la transmission d’un bien des parents aux enfants. S’agissant d’un bien transmis en ligne directe au second degré (d’un grand-parent vers son petit-enfant) ou en ligne collatérale (d’un oncle vers son neveu), la candidate des Républicains préfère plafonner à 100 K€ le montant de l’abattement.
Mais c’est en matière de transmission des entreprises familiales qu’Éric Zemmour est le plus révolutionnaire. Là où Valérie Pécresse veut simplement sanctuariser le pacte Dutreil prévoyant des exonérations fiscales, Éric Zemmour propose de supprimer intégralement les droits de donation et transmission des entreprises familiales afin de les protéger de la prédation étrangère et de conserver un véritable tissu d’entreprises exportatrices. Toutes les entreprises familiales seraient concernées.
Éric Zemmour propose de supprimer intégralement les droits de donation et transmission des entreprises familiales.
S’agissant de la participation des salariés au sein de l’entreprise, Zemmour comme Pécresse proposent de l’encourager. La candidate des Républicains veut que les entreprises réservent 10 % du capital des entreprises à leurs salariés d’ici cinq ans et souhaite maintenir et développer les dispositifs d’intéressement existants, en leur appliquant la fiscalité plus favorable des dividendes. Mais, là encore, le candidat de Reconquête se montre plus radical en proposant de défiscaliser la participation des salariés (avec une exonération de l’impôt sur le revenu, de la CSG, de la CRDS). La prime de participation serait ainsi défiscalisée dans la limite de 1 500€ /an pour les salariés comme pour les employeurs.
La suppression de la redevance audiovisuelle, une mesure plébiscitée par les Français
Mesure fondamentale, Éric Zemmour veut également supprimer la redevance audiovisuelle (138 €/an par foyer) grâce à la privatisation des principales chaînes de l’audiovisuel public dont il conteste la neutralité idéologique. La redevance audiovisuelle fait effectivement partie des impôts locaux (notamment dans la mesure où elle est adossée à la taxe d’habitation). Encore une avancée plébiscitée par les Français qui déplorent l’anachronisme de cette redevance, à une époque où internet contribue à devenir un vecteur de l’audiovisuel plus important que la possession d’un téléviseur.
Éric Zemmour, le candidat de la famille plus encore que Valérie Pécresse
S’agissant des impôts touchant les familles, Éric Zemmour est le seul à prôner un doublement du plafond de l’avantage lié au quotient familial pour l’impôt sur le revenu. En revanche, ils veulent tous deux revenir à l’universalité des allocations familiales, supprimée sous le quinquennat de François Hollande.
Éric Zemmour est le seul à prôner un doublement du plafond de l’avantage lié au quotient familial pour l’impôt sur le revenu.
Enfin, Éric Zemmour comme Valérie Pécresse souhaite un choc de simplification fiscal : pour le candidat de Reconquête, cela passera nécessairement par la réalisation d’un grand audit demandé à Bercy afin de statuer sur l’avenir des 471 niches fiscales pour en supprimer les plus inutiles. De côté de Valérie Pécresse, on veut trancher au cas par cas en renforçant certaines niches, notamment le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile en portant le plafond de dépenses éligibles de 12.000 à 20.000 euros, en doublant la majoration par enfant à charge et en créant une majoration de 5.000 euros en cas de présence dans le foyer d’un ascendant bénéficiaire de l’APA.
Les deux programmes sont intéressants à plus d’un titre mais seul celui d’Éric Zemmour paraît être à la hauteur des enjeux qui attendent aujourd’hui notre pays sur le plan économique.