Tribune publiée par Christophe Boutin et Frédéric Rouvillois dans Le Figaro du 30 août 2023, au sujet du pré-référendum envisagé par Emmanuel Macron.
Ministre «chargé du Renouveau démocratique» (sic), Olivier Véran vient d’évoquer dans la presse ce qu’il a nommé le «préférendum». Ce nouvel avatar de la démocratie selon Emmanuel Macron, plus proche de la démocratie participative que de la démocratie directe, tourne un peu plus la page de l’approche gaullienne du référendum, en éliminant de fait l’engagement de responsabilité politique originellement inhérente à ce dernier.
Certes, l’idée de découpler le référendum de l’article 11 et la responsabilité politique du président n’est pas nouvelle: lorsqu’il élargit en 1995 le champ de l’article 11, Jacques Chirac annonce un usage plus fréquent, mais ajoute que le corollaire est d’écarter la responsabilité politique. Reste que depuis le vote de 2005, le référendum, conçu par de Gaulle comme le moyen de faire du peuple le juge ultime de la légitimité du chef de l’État, est devenu le grand absent de la vie politique française.
À cette consultation directe du souverain, Emmanuel Macron a toujours préféré ces panels triés et «éclairés» de la démocratie participative qui en sont autant de travestissements – mais on mesure, il est vrai, la difficulté qu’il y a à engager une procédure référendaire quand on dispose d’une des plus faibles légitimités politiques de l’histoire de la V République.
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