Interview de Frédéric Rouvillois, délégué général de l’Institut du Pont-Neuf, dans Le Figaro à l’occasion de la visite du roi Charles III en France en septembre 2023.
LE FIGARO. – Charles III a été reçu par Emmanuel Macron, président qui déplore la limite des mandats dans le temps. Que vous inspire la comparaison entre les deux chefs d’État ?
Frédéric ROUVILLOIS. – Emmanuel Macron avait eu un mot assez vif sur la question de la limitation des mandats dans le temps et on comprend un peu son amertume face à un roi, Charles III, qui a certes un pouvoir plus étroit que le sien, mais qui restera en place jusqu’à la fin de ses jours. Lui pourra toujours suggérer, inciter les premiers ministres à des évolutions, ou au contraire à la conservation de certaines choses qui lui semblent essentielles ; il pourra aussi penser que son successeur, son fils, puis son petit-fils, fera la même chose que lui. C’est toute la différence entre un système républicain forcément limité dans le temps et la monarchie qui entretient ce rapport au temps totalement singulier. Cela représente un avantage considérable à une époque où tout change très vite et où il y a des réformes de très grande importance à mener, qui ne peuvent pas se faire en cinq ou dix ans. Emmanuel Macron doit percevoir l’avantage que cela présente par rapport à un système circonscrit dans un temps qui est particulièrement bref depuis qu’en 2000, le mandat présidentiel a été ramené à cinq ans renouvelable qu’une seule fois (depuis 2008), et ce, alors que de Gaulle avait voulu un mandat de sept ans indéfiniment renouvelable.
Emmanuel Macron lui-même avait déclaré que la figure du roi manquait à la politique française. Partagez-vous cette analyse?
Emmanuel Macron avait dit des choses extrêmement sensées et pertinentes, sur la thématique de l’incarnation notamment, et sur le fait qu’il est difficile d’être loyal à quelque chose qui n’a pas véritablement de consistance. L’idée de nation ou de peuple telle qu’elle existe dans le système démocratique est extrêmement abstraite.
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